Bienvenue, bienvenue, bienvenue...

Gudule, c'est ma plante de bureau. C'est aussi la compagne de Norbert, ma seconde plante de bureau.


Gudule, seconde du nom, est une kalanchoé née en 2014 tandis que Norbert est un Dracaena Marginata, né à une date inconnue. Ensemble, ils attendent un bébé-plante de bureau (comprendre qu'ils l'auront quand la propriétaire schizo aura trouvé la perle rare).


Gudule en voit des vertes et des pas mûres. Elle râle, partage ses bons plans & astuces, écrit beaucoup, voyage un peu... Elle bricole aussi. Elle n'est ni vraiment écolo, ni vraiment bobo, ni vraiment fashion, ni vraiment féministe... Elle tente juste d'avoir la tête sur les épaules... Un peu.


Bref, bienvenue dans le bazar de Gudule! (parce qu'on s'en moque de Norbert, il parle pas).

mercredi 28 janvier 2015

Gudule encore et toujours... sur l'avortement.

Il va de soi que nous n’avons pas comme les autres êtres humains le droit de disposer de notre corps. Pourtant notre ventre nous appartient.L’avortement libre et gratuit n’est pas le but ultime de la lutte des femmes. Au contraire il ne correspond qu’à l’exigence la plus élémentaire, ce sans quoi le combat politique ne peut même pas commencer. Il est de nécessité vitale que les femmes récupèrent et réintègrent leur corps. Elles sont celles de qui la condition est unique dans l’histoire : les êtres humains qui, dans les sociétés modernes, n’ont pas la libre disposition de leur corps. Jusqu’à présent, seuls les esclaves ont connu cette condition.

Extrait du manifeste des 343

4ème partie

Pour l'avant-dernière partie de ma série d'articles sur l'avortement, je m'attaque à quelque chose de conséquent: la lutte pour l'avortement en France. 

  • Rappel historique: évolution de la législation:
    • 1810: l'article 317 du Code Pénal indique que l'avortement est un crime passible de la Cour d'Assise.
    • 1920: la loi réprime fortement l'avortement ainsi que la propagande pour les méthodes anticonceptionnelles
    • 1923: le Code Pénal fait de l'avortement un délit
    • 1937: création d'une brigade "anti-avortement"
    • 1939: le Code de la Famille accentue la répression. Madeleine Pelletier, une féministe pro-avortement, est arrêtée
    • 1942: l'avortement est considéré comme un crime contre l'Etat, passible de peine de mort
    • 1943: Marie-Louise Giraud est guillotinée pour avoir aidé des femmes à avorter. De même pour Désiré Pioge.
    • 1955: l'avortement thérapeutique est autorisé. Mise au point de la pilule aux Etats Unis.
    • 1967: la loi Neuwirth autorise la commercialisation des moyens de contraception mais limite la publicité. Une autorisation parentale est nécessaire pour la délivrance de la pilule. La loi n'est appliquée qu'à partir de 1972 à cause des nombreux freins administratifs.
    • 1970: diffusion de la méthode de Karman qui rend les avortements moins dangereux. Proposition de la loi Peyret pour l'assouplissement des conditions de l'avortement thérapeutique.
    • 1970: publication du Manifeste des 343 dans le Nouvel Obs (ou Manifeste des 343 salopes). Création de l'association "Choisir" pour défendre les personnes accusées d'avortement.  40 000 personnes manifestent à Paris pour le droit à l'avortement.
    • 1972: l'avocate Gisèle Halimi fait acquitter une adolescente de 17 ans qui s'était fait avorter après un viol.
    • 1973: publication du Manifeste des 331 médecins revendiquant avoir pratiqué des avortements. Fondation du Mouvement pour la liberté de l'avortement et de la contraception.
    • 1974: Vote du projet de Simone Veil qui libéralise la contraception, le remboursement de la pilule ainsi que l'anonymat des mineures. Débats houleux à l'Assemblée au sujet du projet de loi pour la légalisation de l'IVG
    • 1975: promulgation de la Loi Veil, mise en place pour 5 ans.
    • 1979: reconduite définitive de la Loi Veil
    • 1982: remboursement de l'IVG par la sécurité sociale
    • 1993: création du délit "entrave à l'IVG"
    • 1994: entrée en vigueur du nouveau Code Pénal qui dépénalise l'avortement
    • 2001: les infirmières scolaires ont le droit de délivrer la pilule du lendemain. La Loi Aubry porte de 10 à 12 semaines le délai légal pour avorter
    • 2002: un décret oblige les pharmaciens à délivrer les pilules du lendemain aux mineures
    • 2004: l'IVG médicamenteuse est autorisée chez le gynécologue et certains médecins de ville pour les grossesses inférieures à 5 semaines.
    • 2012: financement à 100% de l'IVG par la sécurité sociale.
On le voit donc aisément: ce fut une lutte de tous les instants qui, même en 2015, s'annonce encore compliquée. Avant de laisser cette quatrième partie pour entamer la dernière, je vais m'attarder sur le Manifeste des 343, un texte fort qui a marqué les esprits et devrait encore pouvoir le faire si on l'autorisait à sortir de nouveau.



Le Manifeste, donc. Généralement baptisé le Manifeste des 343 auquel est souvent ajouté le qualificatif fort délicat de "salopes".  En réalité, il s'agit d'une pétition publiée le 5 avril 1971 dans le n°334 du Nouvel Observateur. 343 Françaises ont osé déclarer « Je me suis fait avorter » et ont accepté de risquer la prison pour cet acte.

Rédigé par Simone de Beauvoir, le texte a donc été signé par 343 femmes dont une bonne dose de célébrités de l'époque: Catherine Arditi, Françoise Arnoul, Florence Asie, Brigitte Auber, Stéphane Audran, Colette Audry, Tina Aumont, Hélène de Beauvoir, Simone de Beauvoir, Cathy Bernheim, Valérie Boisgel, Olga Bost, Claudine Chonez, Iris Clert, Marie Dedieu, Lise Deharme, Christine Delphy, Catherine Deneuve, Dominique Desanti, Marguerite Duras, Françoise d'Eaubonne, Françoise Fabian, Brigitte Fontaine, Antoinette Fouque, Luce Garcia-Ville, Claude Génia, Françoise de Gruson, Gisèle Halimi, Simone Iff, Katia Kaupp, Bernadette Lafont, Danièle Lebrun, Annie Leclerc, Violette Leduc, Marceline Loridan, Judith Magre, Michèle Manceaux, Geneviève Mnich, Ariane Mnouchkine, Claudine Monteil, Jeanne Moreau, Michèle Moretti, Liane Mozère, Nicole Muchnik, Bulle Ogier, Marie Pillet, Marie-France Pisier, Micheline Presle, Marthe Robert, Christiane Rochefort, Yvette Roudy, Françoise Sagan, Delphine Seyrig, Alexandra Stewart, Gaby Sylvia, Nadine Trintignant, Irène Tunc, Agnès Varda, Catherine Varlin, Ursula Vian-Kübler, Marina Vlady, Anne Wiazemsky, Monique Wittig.

Si vous n'avez eut le courage de lire la liste des célébrités, vous aurez probablement manqué quelques noms comme: Simone de Beauvoir, Marguerite Duras, Catherine Deneuve, Brigitte Fontaine, Jeanne Moreau, Nadine Trintignant...

Je ne peux que vous inviter à lire le texte qui est magnifique et toujours aussi juste, plus de 40 ans après sa conception.

Pour l'anecdote, c'est "grâce" à Charlie Hebdo que le Manifeste s'est vu allègrement ajouté "salopes":

Moi aussi je savoure l'ironie



vendredi 23 janvier 2015

Gudule est-elle féminine?

Un jour mon prince viendra
Un jour on s'aimera
Dans son château heureux s'en allant
Goûter le bonheur qui nous attend

Cette grande naïve de Blanche Neige...


Et ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants.

Cela fait quelques temps qu'un lien tourne dans ma boîte à truc (créée exprès pour pouvoir vous sortir des billets d'humeur). Il s'agit d'un billet à prendre au 36ème degré comme c'est spécifié dans l'intro. Intitulé 3 manière pour être une fille féminine, je le trouve savoureux en clichés et en même temps déprimant dans le sens où, on en rigole, mais on est encore dans cette optique là. C'est plus insidieux mais tellement présent...

La preuve en est: la mère de Gudule se demande encore si sa fille est féminine... justement, parce qu'elle ne remplit pas entièrement les cases formatées pour les filles. On ne peut en vouloir à personne. C'est quelque chose de tellement ancré en nous qu'au final, on tombe régulièrement dans le travers de juger une femme féminine ou non.

Je vais m'amuser un peu point par point... Histoire de faire un match Féministé VS Gudule.


  • Méthode 1: se comporter en fille féminine
Voici les recommandations: Soyez gracieuse. Ayez une super personnalité. Soyez gentille. Soyez romantique. Mettez vos goûts musicaux à jour. Fréquentez d'autres filles. Arrêtez de jurer. Apprenez à parler correctement. Ne vous empiffrez pas. Tenez un journal. Soyez organisée. Concentrez-vous à l'école. Ne vous laissez pas marcher sur les pieds. Lisez des magazines.

Moi, quand on me dit gracieuse, je pense à ça:


De fait, cela sous entendre de "flotter" en marchant, épaules en arrière, sans rouler des hanches, sans balancer les bras, relever le menton... Bref, être une danseuse. Ensuite, il faut éviter de s'avachir sans croiser les bras. En résumé: vous devez avoir conscience de votre corps et contrôler vos gestes.

Moi voilà quoi je pense.

Féminité 1. Gudule: 0.


La super personnalité? Plein d'amis, beaucoup d'activités, ont toujours quelque chose à dire...


Ça, je gère. Je suis une pipelette, j'ai beaucoup d'activité... Bon par contre, j'ai pas masse d'amis. Mais beaucoup de potes, ça compte, non? Féminité 1. Gudule: 1.

Gentille... Ok, même pas j'essaie. Je ne suis pas gentille dans leur définition (une princesse disney quoi...). Ou du moins, pas tout le temps. Féminité 2. Gudule: 1.




Romantique? Check. j'suis fleur bleue. A mort. Du moins en rp. Après, le romantisme, c'est vraiment bon à petite dose, sinon c'est de la guimauve... Ah si, j'aime bien la lecture romantique (parce que c'est bon pour le moral, comme le chocolat). Mais j'ai pas trop de musiques d'amûûûûûûûr. Féminité 3. Gudule: 1.



Les goûts musicaux à jour. C'est mal barré. Je ne supporte pas les 3/4 de ce qui est fait en musique actuelle... Féminité 4. Gudule: 1.



Fréquenter d'autres filles. Je compte: meilleure amie, amies, collègues de taff. Done. Mais j'fais du shopping seule... Point pour moi quand même. Féminité 4. Gudule: 2.



Arrêter de jurer. No way. Féminité 5. Gudule: 2.



Apprenez à parler correctement... J'articule. Parfois. Quand j'ai envie. Je parle doucement. Mais j'ai beaucoup de vocabulaire...  Féminité 6. Gudule: 2.



Ne vous empiffrez pas. Maman Gudule m'ayant apprit à manger proprement...  Féminité 6. Gudule: 3.



Tenez un journal. Un blog, ça compte?  Féminité 6. Gudule: 4.



Soyez organisée... Ok... j'abandonne.  Féminité 7. Gudule: 4.



Concentrez vous à l'école/boulot. Ok, c'est mort là aussi. Féminité 8. Gudule: 4.



Ne vous laissez par marcher sur les pieds. YES! Pour moi! Féminité 7. Gudule: 5.



Lisez des magazines (scandales, mode...) ... Féminité 8. Gudule: 4.




C'est plutôt mal barré pour Gudule, largement dominée par la Féminité qui lui inflige, pour le moment, une sévère raclée. Va-t-elle se relever?


En attendant la semaine prochaine où je ferai le round 2....

Une fille, c'est bien connu, ça vomit des paillettes


Où trouver l'article de base? Ici

Gudule et la fresque...


« L'avantage des médecins, c'est que lorsqu'ils commettent une erreur, ils l'enterrent tout de suite... »

de Alphonse Allais


Ayant été perdue entre mon agression, le dernier article sur l'avortement ainsi qu'une série sur le slutshaming, j'ai laissé filer quelques jours avant de parler d'une affaire qui agite la sphère féministe ainsi que les médias (enfin, cela a été très vite enterré sous d'autres choses bien plus intéressantes (et ce n'est pas que du sarcasme)).

Il est donc question d'une fresque (qui a été effacée depuis) peinte sur l'un des murs de la salle de garde des internes du CHU de Clermont-Ferrand. Celle-ci mettait en scène des super-héros: Wonder Woman subissant les assauts sexuels de Superman, Superwoman, Batman et Flash.
Récemment, des bulles ont été ajoutée à cette fresque, transformant Wonder Woman en Internes et ses "compagnons" en réforme de la Santé (pour laquelle, je le rappelle, les médecins ont fait grève...).

Autant dire que quand elle a été dévoilée au grand public, ça n'a pas plu.

On est en plein truc définitivement classe.


Admirez la délicatesse.

En soi, un truc porno dans une salle de garde des internes... Pourquoi pas? Pour des personnes qui côtoient continuellement la mort et la maladie, on peut se dire que du sexe, ça égaye peut être leur temps de repos (en même temps, ils en ont besoin quand on voit certains clients patients...).

En revanche, ce qu'il dérange, c'est que clairement avec l'ajout des bulles, c'est la ministre de la santé qui est visée. Et là, on passe dans un tout autre registre.


  • Le début de l'affaire:
Sur la page Facebook "Les médecins ne sont pas des pigeons", quelqu'un a posté l'image ci-dessus. Avec la magie des réseaux sociaux, le tout est rapidement arrivé aux oreilles du collectif Osez le Féminisme qui a aussitôt demandé au Conseil National de l'Ordre des Médecins (CNOM) de réagir et condamner cette fresque.

De fil en aiguille, c'est très vite devenu un capharnaüm indicible. Fatalement.


  • Mon avis:
A mes yeux, c'est une scène clairement pornographique. Dans une salle de garde des internes d'un CHU. Ok. C'est une "tradition" chez eux. Soit.
Cette scène de gangbang est trash, c'est indéniable. Mais pas plus que ce que l'on retrouve sur la toile. Les médecins sont des humains comme tout le monde. Et au vu de leur métier, si ça les fait décompresser de mater une scène de cul imaginaire... Why not? (je reviendrai peut-être un jour sur ma vision de la pornographie...)

Et ouais, la version porno d'un certain sacre...

En revanche, les bulles ancrent définitivement la scène dans la réalité. L'image de base qui, bien que trash, ne me choquait pas plus que cela, a été détournée de la pire des façon. Wonder Woman devient la Loi de la Santé (ou la ministre de la Santé, tout dépend de la vision que l'on a des choses)... les autres deviennent des agresseurs.



  • La suite:
Le CNOM a donc condamné la fresque et a fait état d'une commission d'enquête afin de donner les suites appropriées à ce genre d'actes.
Le collectif Osez le Féminisme hurle à la culture du viol:

Anne-Cécille Maillefert, présidente et porte-parole du collectif.

Le CHU, quant à lui, a fait un communiqué pour prendre position et informer que la fresque serait effacée:



Evidemment, les internes se défendent, notamment, via l'avocat de leur association, Jean-Sébastien Laloy:
«Wonder Woman ne représente pas la ministre mais une interne en médecine qui est mise en garde si elle ne s’informe pas sur la loi santé. Ce dessin ne représente pas un viol mais une orgie. Le détournement est maladroit et c’est un humour graveleux mais nous revendiquons la liberté d’expression.»

On va faire un petit arrêt sur image. Non parce que bon, depuis les attentats de début janvier, la liberté d'expression est revendiquée par tout le monde pour ne pas assumer ses propos. Je vous renvoie à mon article qui en traite et je m'autorise même à faire un rappel de la Convention Européenne des Droits de l'Homme:

1. Toute personne a droit à la liberté d'expression. Ce droit comprend la liberté d'opinion et la liberté de recevoir ou de communiquer des informations ou des idées sans qu'il puisse y avoir ingérence d'autorités publiques et sans considération de frontière. Le présent article n'empêche pas les États de soumettre les entreprises de radiodiffusion, de cinéma ou de télévision à un régime d'autorisations.
2. L'exercice de ces libertés comportant des devoirs et des responsabilités peut être soumis à certaines formalités, conditions, restrictions ou sanctions prévues par la loi, qui constituent des mesures nécessaires, dans une société démocratique, à la sécurité nationale, à l'intégrité territoriale ou à la sûreté publique, à la défense de l'ordre et à la prévention du crime, à la protection de la santé ou de la morale, à la protection de la réputation ou des droits d'autrui, pour empêcher la divulgation d'informations confidentielles ou pour garantir l'autorité et l'impartialité du pouvoir judiciaire.  (CEDH - Article 10)

Cette parenthèse faite, nous pouvons donc continuer sur la suite de cette affaire.


  • Les dérapages:
Ok, l'image de base n'est pas un viol collectif... du moins à mon sens. C'est un gangbang et si l'on retire tout ce qu'il peut y avoir de dégradant pour l'image de la femme... Cela reste du sexe (extrême et trash) mais du sexe quand même. Bref, tout cela pour dire que l'affaire aurait pu s'apaiser seule. Je dis bien "aurait pu" car il y a un malin qui s'est amusé à poster le numéro de téléphone de la présidente du Collectif Osez le Féminisme.

Ce qui devait arriver, arriva, fatalement:



Anne-Cécile Mailleret a été allègrement harcelée, menacée, insultée...  Bien sûr, elle va porter plainte. C'est normal et elle est pleinement dans son droit.

Les Internes en médecine sont eux-mêmes divisés. D'un côté, il y a ceux qui défendent la fresque en clamant que ce n'est qu'une orgie tout en clamant l'esprit carabin et d'un autre, il y a ceux qui sont choqués et pourquoi la liberté d'expression ainsi que l'esprit carabin ne justifient pas un tel acte.

A tout cela s'ajoutent les commentaires sur la Toile. Soit ils donnent foi en l'Humanité, soit ils donnent envie de vomir, c'est au choix. Pour les seconds, on retombe aisément dans le cliché de ce qu'est une féministe. Ils les invitent à se renseigner mais ils devraient aussi retirer la poutre de leur oeil, ils seraient moins aveugles...


Dois-je dire que c'est ce genre de commentaires que l'on retrouve le plus?

Je suis de mauvaise foi: il y a évidemment le débat pour et contre ce genre de fresque. L'argument le plus répandu était que la salle de garde est un endroit privé. Les débats sont des plus houleux, oscillant entre mépris et injures, sarcasme et patiente... C'est d'une violence extrême où tout est mélangé: féminisme, culture du viol (j'ai lu un commentaire disant que ce n'était pas un viol puisque WW prenait les phallus à pleine main... j'suis allée me taper la tête contre le mur), impunité des médecins, complexe de dieu du corps médical, prière pour que ceux qui sont contre ne se fassent pas soigner, légitimation par la lutte contre la loi de la santé...

Un immense n'importe quoi, finalement.





Conclusion:
Comme je l'ai dit, je n'ai rien contre ces fresques porno. En revanche, l'ajout des bulles m'a franchement dérangé. De fait, j'estime qu'il est normal que la fresque soit retirée. C'est une conséquence logique de ce détournement. Être en grève ne justifie en rien ce genre d'action. Et même si, peut-être, l'intention n'était pas de nuire à la Ministre de la Santé, il aurait valu réfléchir deux minutes: c'est elle qui porte la Loi, cette dernière va d'ailleurs porter son nom. N'importe qui l'aurait prise pour lui.
Se croire au-dessus des lois, croire que la liberté d'expression peut tout justifier, c'est faire preuve d'une stupidité crasse totalement indigne d'un corps de métier que l'on loue pour son intelligence.
De même, croire que parce que la majorité ne semble pas choquée d'une telle fresque est la preuve d'une arrogance pathétique. L'endroit est privé, certes, mais commun à tous les internes. Imposer de la pornographie à quelqu'un qui ne veut pas en voir, ce n'est plus de la liberté d'expression... On frôle l'agression sexuelle. Parce qu'à partir du moment où l'on partage le même endroit, même si son accès est soumis à condition, on vit en communauté. Ce qui implique des règles, une morale... Un(e) seul(e) interne choqué justifie pleinement des concessions. N'en déplaise à la majorité.


Je vous invite à lire cet article qui, outre donner des exemples issus des autres salles de gardes dans d'autres hôpitaux, explique les origines de cette tradition:
Je l'accompagne d'un autre article pouvant le compléter:

jeudi 15 janvier 2015

Gudule lit... Nord et Sud

« L'amour d'une mère est un don de Dieu, John. Il dure éternellement. L'amour d'une jeune fille est comme une bouffée de fumée, il change à chaque souffle de vent. »

Mrs. Thornton


Couverture de l'édition illustrée par George du Maurier (1867)


Nord et Sud d'Elizabeth Glaskell

Voilà un morceau de la littérature anglaise victorienne qui, malheureusement, est assez méconnu contrairement à Jane Austen ou aux sœurs Brontë.
Pourtant, il est dans la même veine des romans si célèbres du XIXème siècle anglais (aka l'époque victorienne).

L'oeuvre en elle-même fait environ 680 pages.

  • Petite biographie
Elizabeth Gaskell née le 29 septembre 1810 à Londres, morte le 12 novembre 1865 à Holybourne, près d'Alton dans le Hampshire, est une romancière britannique. Épouse du pasteur William Glaskell dont elle aura au moins 5 enfants, elle est amie avec Charles Dickens et Charlotte Brontë dont elle écrira une biographie posthume. Parmi ses œuvres, l'on retrouve notamment: Mary Barton, Cranford, Ruth, North and South, Loïs the Witch, Sylvia's Lovers, Wives and Daughters... ainsi qu'une liste conséquente de nouvelles, de recueils et de courts romans. (Source: Wikipedia)

  • Quatrième de couverture:
Après une enfance passée dans un village riant du Hampshire, Margaret Hale, fille de pasteur, s’installe dans une ville du Nord. Témoin des luttes entre ouvriers et patrons, sa conscience sociale s’éveille. John Thornton, propriétaire d’une filature, incarne tout ce qu’elle déteste : l’industrie, l’argent et l’ambition […].

  • Résumé:
Après le mariage de sa cousine avec qui elle a été élevée à Londres, Margaret Hale, âgée de dix-huit ans, retourne avec joie vivre chez ses parents à Helstone, un tout petit village du Hampshire, dans le sud de l’Angleterre. Toutefois, sa vie est bouleversée quand les doutes de son père, pasteur devenu dissenter par honnêteté intellectuelle, l’amènent à quitter l'Église établie. Il a décidé d'abandonner sa paroisse et le presbytère d'Helstone, pour partir, comme professeur privé, à Milton-Northern, une ville industrielle du Darkshire spécialisée dans le textile, sur la suggestion de son vieil ami Mr Bell, lui-même né à Milton et propriétaire de la manufacture de coton Malborough Mills.
Les premiers contacts sont rudes. Les Hale arrivent fin octobre, et Margaret découvre la misère et la vie difficile des ouvriers du textile. Elle se heurte aussi à John Thornton, le jeune patron de Malborough Mills, l'élève favori de son père, aussi fier qu'elle. Elle le considère comme dur et insensible, voire cruel, tandis qu'il voit en elle une jeune fille orgueilleuse et hautaine, qui refuse de comprendre les convictions qui l'animent, ce qui ne l'empêche pas de l'admirer et d'en tomber amoureux.

Pourtant, pendant les quelque dix-huit mois qu'elle passe à Milton, Margaret apprend à apprécier progressivement lePays noir et aimer ses rudes travailleurs, plus particulièrement Nicholas Higgins, un responsable de l'Union et sa fille Bessy, dont elle devient l'amie, avant sa mort, finalement causée par l'inhalation des poussières de coton. Ses relations avec John Thornton sont plutôt conflictuelles. Une série de malentendus à l'occasion des violents événements qui suivent une grève les rend encore plus pénibles, et elle refuse avec hauteur de l'épouser quand il demande sa main. La venue secrète de son frère en exil, que leur mère veut revoir avant de mourir, ajoute aux malentendus, car elle ment pour le protéger, niant s'être trouvée à la gare un soir, alors que Thornton l'y a vue. La mort de sa mère, puis celle de son père quelques mois après, la ramènent à Londres, chez sa cousine, dans le confort et le luxe de Harley Street.

Au cours de l'année qu'elle passe à Londres, sans pouvoir oublier Milton, elle retourne un jour à Helstone avec Mr Bell, mais Helstone a perdu de son charme. Elle lui avoue alors ce mensonge qui, croit-elle, l'a déconsidérée aux yeux de Thornton, mais Mr Bell meurt avant de revoir le jeune homme, et Margaret craint de ne jamais pouvoir se justifier de son mensonge. John Thornton, de son côté, apprend à apprécier Higgins, à mieux connaître et comprendre ses ouvriers, mais sa situation, fragilisée par la grève de l'année précédente, l'incertitude du marché et le manque de réserves financières, se dégrade. Il est obligé d'arrêter sa production, et se voit contraint de repartir presque à zéro.
Mais Margaret est maintenant majeure et décide de prendre son destin en main. La mort de Mr Bell, qui en a fait son héritière, a fait d'elle la propriétaire de Malborough Mills, et elle propose à John Thornton, lorsqu'il vient à Londres, de l'aider financièrement à reprendre ses activités, façon déguisée de répondre à son amour.


  • Mais encore:
Evidemment, c'est une histoire d'amour. Evidemment, il est clair que Margaret et John se marieront malgré tout. Ce n'est pas tant les évidences qui font la force de Nord & Sud.
Car c'est aussi une fresque peignant les disparités d'une Angleterre séparée entre le Nord, industriel, et le Sud, encore "paysan". Elle trace aussi un certain portrait des mœurs, de la religion..
Les personnages secondaires sont, malgré tout, assez inégaux. Certains n'aident qu'à renforcer l'intensité du clivage (ce qui est, cependant, logique) entre Margaret et John. Néanmoins, tous apportent au récit une teinte appréciable.

  • Une adaptation?
Etant donné que l'oeuvre n'est pas très connue, nous n'avons que deux adaptations télévisées. Une datant de 1975 et l'autre qui date de 2004 avec Daniela Denby-Ashe et Richard Armitage.


Pardonnez-moi la qualité, c'est compliqué de trouver des sources visuelles sur cette mini-série.


  • Mon avis:
J'ai connu Nord & Sud grâce à l'adaptation de 2004 et ce n'est que très récemment que j'ai acheté le livre (il a été longtemps en rupture de stock en VF). Comme à mon habitude, le livre ne m'a fait que 6h et j'avoue qu'il n'y a que quelques passages que j'ai eut envie de rayer car vraiment, à mon sens, ils n'apportaient rien au récit.
Evidemment, je l'ai lu en ayant l'adaptation en tête. Mais comme pour toutes celles de la BBC, je n'ai pas été déçue une seule minute lorsqu'il m'est arrivé de faire le lien entre les deux.

Le livre en lui-même.Ayant lu Jane Austen et les sœurs Brontë, je commençais à me dire que toutes les auteures de l'époque victorienne avaient passé un contrat avec Dieu pour obtenir le même style assez lourd et presque déplaisant... Le fait est que non. J'ai tout de suite accroché au style du livre car plus léger. attention, par léger ou lourd, j'entends le choix du vocabulaire. Bien sûr que les Anglais du XIXème ne parlaient pas comme nous... Mais indubitablement, Jane Austen ou les sœurs Brontë ont un style plus empesé, un peu comme les draps de coton anciens...

Revenons à nos moutons et cessons de comparer Elizabeth Glaskell à Jane Austen.

Je pense que ce dont fait état Elizabeth Glaskell en terme de monde industriel, monde religieux et surtout début des luttes sociales ne sont pas dénués d'exactitude. Nous sommes toujours dans un roman, il ne faut pas l'oublier, mais la tendance n'est pas au fantastique: l'auteur s'est basée sur des faits concrets, un vécu des plus importants pour l'écriture d'un tel roman.

L'un des rares défauts du livre, c'est qu'il manque parfois des marqueurs de temps. On s'y perd un peu entre les chapitres où il peut se passer quelques jours, voir semaines.

J'ai donc adoré. Je ne peux que vous le recommander... Tant pour votre culture générale que pour le plaisir de lire.


  • Un extrait:
Il s'approcha encore et à nouveau répéta d'une voix suppliante et frémissante: "Margaret!"
Elle baissa encore la tête presque jusqu'à la table. Il s'approcha davantage, s'agenouilla à côté d'elle afin de murmurer à son oreille d'une voix haletante:"Prenez garde... Si vous ne dites rien j'aurai la présomption de croire que vous acceptez d'être mienne. Si je dois partir, renvoyez-moi tout de suite... Margaret!..."
A ce troisième appel, elle tourna vers lui son visage à demi caché par ses fines mains blanches et elle s'inclina sur son épaule pour s'y blottir à nouveau.

  • Un autre:
Elle était surprise, et presque stupéfaite, d'éprouver une telle sensation de liberté; personne n'attendait plus qu'elle lui prodigue ses soins et son réconfort, voire qu'elle veille à son bonheur; il n'y avait plus de malade à qui elle devait songer et dont elle devait organiser l'existence; elle pouvait ne rien faire, ne pas parler, être étourdie et - ce qui lui paraissait infiniment plus appréciable que tous les autres privilèges - elle pouvait être malheureuse si elle en avait envie.

  • Encore:
Elle est trop parfaite pour être connue par fragments. L'architecture de mon château ne sera pas jugée à partir d'une simple brique.


  • Un dernier:
Allons, mon pauvre coeur. Sois courageux et gai. Nous serons d'un grand réconfort l'un pour l'autre si nous sommes rejetés, abandonnés.



Plus d'infos?:




mercredi 14 janvier 2015

Gudule et Clandestinas...

Un million de femmes se font avorter chaque année en France. Elles le font dans des conditions dangereuses en raison de la clandestinité à laquelle elles sont condamnées, alors que cette opération, pratiquée sous contrôle médical, est des plus simples. On fait le silence sur ces millions de femmes. Je déclare que je suis l'une d'elles. Je déclare avoir avorté. De même que nous réclamons le libre accès aux moyens anticonceptionnels, nous réclamons l'avortement libre.


Manifeste des 343 pétition française parue le 5 avril 1971 dans le no 334 du magazine Le Nouvel Observateur, et signée par 343 femmes



Le 9 Janvier, a été dévoilée, un documentaire à propos de l'avortement au Brésil. Grâce à la scénariste et militante féministe Renata Corrêa et réalisé par Fádhia Salomão, nous avons droit à des témoignages touchants de la part de Femmes ayant avorté dans un pays où cet acte médical est encore interdit et puni de 1 à 3 ans de prison (avec amande, évidemment).

Les objectifs du documentaire sont: prouver que celles qui avortent sont des personnes "normales" et proches de nous; sensibiliser l'opinion sur les risques de l'avortement clandestin ainsi que sur le fait que la question de l'avortement devrait être traitée sans que la religion ou les opinions personnelles n'entrent en jeu.

Je vous laisse regarder:


 



Il en parle:

Gudule persiste sur l'avortement...

3ème partie

« Tu ne tueras point. »

Livre de l'Exode (20 - 13)





Comme nous l'avons vu dans la partie précédente, la religion a toujours eut et a toujours un poids certain dans le débat de l'avortement. Dans un sens, c'est normal. La religion fait partie de nos cultures et de nos histoires (et de l'Histoire de manière plus générale). Le nier revient à foutre aux orties une part non négligeable de nos racines.

Dans cette partie, je propose d'essayer de déterminer ce que pensent certaines religions de l'avortement. N'étant pas théologienne, il est fort probable qu'il y ait des défauts d'interprétations voir des erreurs ou même des sources mauvaises. Merci de me le signaler, le cas échéant.

Parler de l'avortement et des religions permet de mettre en lumière les arguments souvent utilisés par les pro-vie et dont il sera question dans la partie suivante.


  • La religion chrétienne
En vérité, la Bible ne parle pas spécifiquement de l'avortement. Néanmoins, dans les Ecritures, il est souvent question de l'enfantement, de la vie et de tout ce qui peut entourer un embryon ou un foetus... tout cela montre clairement la vision de Dieu sur l'avortement.

On retrouve quelques éléments à propos de l'enfant à naître:
      • Jeremiah (1:5) : Avant que je t'eusse formé dans le ventre de ta mère, je te connaissais, et avant que tu fusses sorti de son sein, je t'avais consacré, je t'avais établi prophète des nations. 
Pour ce verset, les théologiens semblent s'accorder sur le fait que Dieu connaît l'enfant à naître avant même sa conception... ce qui sous-entend que ce dernier Lui est réceptif. Pour remettre un peu de contexte, pour ce verset, il est question de la conception de Jésus.
      • Psaume 139 13-16: C'est toi qui as formé mes reins, Qui m'as tissé dans le sein de ma mère.
        Je te loue de ce que je suis une créature si merveilleuse. Tes oeuvres sont admirables, Et mon âme le reconnaît bien.
        Mon corps n'était point caché devant toi, Lorsque j'ai été fait dans un lieu secret, Tissé dans les profondeurs de la terre.
        Quand je n'étais qu'une masse informe, tes yeux me voyaient; Et sur ton livre étaient tous inscrits Les jours qui m'étaient destinés, Avant qu'aucun d'eux existât.
Ici, ce n'est pas très compliqué à comprendre: il est question de la part active de Dieu dans la vie intra-utérine et dans la création de l'enfant à venir.
      • Exode 21:22-25: Si des hommes se battent, et frappent une femme enceinte, et qu'elle en accouche, sans qu'il arrive malheur, celui qui l'aura frappée sera condamné à l'amende que le mari de la femme lui imposera; et il la donnera devant des juges. Mais s'il arrive malheur, tu donneras vie pour vie, Œil pour œil, dent pour dent, main pour main, pied pour pied,  Brûlure pour brûlure, plaie pour plaie, meurtrissure pour meurtrissure.
Reprenons: si un homme frappe une femme enceinte et qu'elle accouche sans dommage, il n'aura qu'à payer une amende. En revanche, si cela provoque une fausse-couche, il sera condamné à la peine de mort. Il est donc clair, ici, qu'un enfant à naître est considéré l'égal d'un adulte.
      • Génèse 1:26-27: Puis Dieu dit: Faisons l'homme à notre image, selon notre ressemblance, et qu'il domine sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, sur le bétail, sur toute la terre, et sur tous les reptiles qui rampent sur la terre.
        Dieu créa l'homme à son image, il le créa à l'image de Dieu, il créa l'homme et la femme.
      • Génèse 9:6 : Si quelqu'un verse le sang de l'homme, par l'homme son sang sera versé; car Dieu a fait l'homme à son image.
Visiblement, il n'est pas question du fait que l'avortement est un choix de la Femme. C'est uniquement la question de vie et de mort d'une création de Dieu.

D'une manière plus générale, pour les Catholiques, un avortement est un meurtre. Si la grossesse résulte d'un viol ou d'un inceste, la grossesse doit être menée à terme et l'enfant confié à une famille aimante. Les Protestants, quant à eux, sont un poil plus ouverts dans le sens où ils considèrent chaque situation. Néanmoins, l'avortement est considéré comme une solution de facilité et il convient mieux de trouver une autre solution.

Pour terminer sur la religion chrétienne, et plus précisément la catholique, je reviens sur la notion d'infusion de l'âme:
L'on entend par animation, l'infusion de l'âme (comprendre souffle de vie). Cette "date butoir" varie en fonction des auteurs. C'est entre 40 et 90 jours (selon Aristote) qui est communément admit au Moyen-Âge et qui est reprit par Thomas D’Aquin. En 1234, le terme est officiellement adopté par l'Eglise. Cela rend, en théorie, licite toute interruption de grossesse avant le deuxième ou troisième mois.


  • La religion musulmane
Avant toutes choses, je vais tâcher un maximum de ne pas parler de Charia ou de Loi Islamique. Ce qui m'intéresse réellement c'est le Coran et les sourates.

Le Coran est plus précis que la Bible au sujet de l'avortement. Celui-ci se télescope avec l'infanticide, néanmoins. Mais l'on reste toujours dans l'optique de la sacralité de la vie.

      • Coran 17:33 : [Et, sauf en droit, ne tuez point la vie que Dieu a rendu sacrée] 
      • Coran 17:31: [Et ne tuez pas vos enfants par crainte de pauvreté ; c’est Nous qui attribuons leur subsistance ; tout comme à vous . Les tuer, c’est vraiment, un énorme péché.]
      • Coran 6:140: [Ils sont certes perdants, ceux qui ont, par sottise et ignorance tué leurs enfants, et ceux qui ont interdit ce que Dieu leur a attribué de nourriture, inventant des mensonges contre Dieu. Ils se sont égarés et ne sont point guidés.]

Concernant la conception, il est écrit que la vie commence dès cette dernière:
      • Coran 53:32: [ceux qui évitent les plus grands péchés ainsi que les turpitudes et [qui ne commettent] que des fautes légères. Certes, le pardon de Ton Seigneur est immense. C’est Lui qui vous connaît le mieux quand Il vous a produits de terre, et aussi quand vous étiez des embryons dans les ventres de vos mères. Ne vantez pas vous-mêmes votre pureté ; c’est Lui qui connaît mieux ceux qui [Le] craignent.]

Dans la Sounnah, il est rapporté d’après ibn Mas’oud -Qu'Allah l'agrée- que le Prophète -Prières et bénédiction d'Allah sur lui- a dit :
« Certes, chacun de vous, lorsqu’il est créé dans le sein de sa mère, est d’abord pendant quarante jours une goutte de sperme (Noutfa), puis devient une adhérence ('Alaqa ) pendant une semblable durée de temps, puis enfin durant un même laps de temps, devient un embryon (Moudgha). Là-dessus, l’ange lui est envoyé, qui insuffle l’âme, et il est ordonné à celui-ci d’accomplir quatre commandements, à savoir d’inscrire : les moyens de vivre (du nouvel être), le terme de son existence, ses actions, enfin son malheur ou son bonheur futur. »
Dans certains pays, l'avortement est toléré (bien que mal vu) dans certains cas: viol, crainte pour la santé de la mère et/ou de l'enfant. D'une manière générale, l'avortement est strictement interdit après le 4ème mois de grossesse puisqu'il est écrit que c'est au 100ème jour qu'Allah a insufflé la vie... A ce moment-là, avorter équivaut à un infanticide pur et dur.

Il est à noter la différence entre le sunnisme et le chiisme. Pour les Sunnites, c'est la tolérance jusqu'au 4ème mois de grossesse qui s'impose. L'interdiction tombe donc juste après la formation du fœtus et ce, pour n'importe quelle raison.
Les Chiites, quant à eux, interdisent l'avortement sauf pour des raisons très strictes. Ainsi, une fatwa de l'Imam Shirazi affirme que l'avortement est haram (dans le sens interdit, illégal, illicite...):
« L'avortement est haram, et ce, dès le commencement de la conception. Tant qu'il existe un potentiel pour avoir un être humain, alors l'avortement est haram, qu'il s'agisse d'une semaine ou d'un jour. La vie embryonnaire ne doit pas être détruite quelle que soit l'étape de développement.
Circonstances exceptionnelles :
Si la poursuite de la grossesse constitue une menace pour la mère, alors l'avortement est autorisé.
Dans le cas où le fœtus est extrêmement déformé de telle sorte qu'il rendrait ses soins exceptionnellement difficiles pour les parents, quelques fuqahas ont décrété la licéité de l'avortement dans des circonstances aussi extrêmes.
Selon la fatwa, la licéité de l'avortement concerne seulement les « déformations extrêmes. »


  • La religion judaïque
Pour des raisons évidentes, je pense qu'il n'est pas nécessaire pour moi de citer la Torah étant donné les racines communes entre la Torah et la Bible (je sens que je vas me faire lyncher). Ce n'est pas un manque de respect mais simplement une envie de ne pas me répéter.

La religion Juive, en revanche, se détache assez des deux autres religions du Livre. En effet, on peut la considérer comme "plus tolérante" dans le sens où, selon l'exégèse juive, la loi édictée dans l'Exode (21:22-23) interdit de supprimer un embryon mais ne considère pas cela comme un meurtre. L'avortement est considéré comme un dommage appelant à une réparation financière. En revanche, la mort de la mère est bel et bien un meurtre.

Cependant, cette "tolérance" ne doit pas enlever de vue le fait que l'avortement est lui aussi interdit  sauf avant 40 jours s'il y a danger pour la mère car la vie de la mère a la priorité de sur celle de l'enfant pas encore formé et s'il y a malformation.


  • Autre: le Bouddhisme
Le Bouddhisme considère le début de la vie aux premiers signes de conscience (capacité à ressentir le plaisir ou la douleur et d'y réagir) car c'est à ce moment que l'être hérite de son karma passé. L'éthique bouddhiste étant de ne pas tuer, il est alors compliqué de savoir à partir de quand l'avortement entache le karma.

Le Dalaï-Lama reconnaît qu'il y a des situations qui justifient l'avortement, comme l'interruption médicale de grossesse. Les considérations sociales dépassent aussi le cadre purement philosophique du Bouddhisme et d'un point de vue moral, seule la compassion (Karunā) peut justifier une telle action.




Sources:

Crédits:
Merci à mon ami Adam S.M. qui m'a éclairé sur quelques points concernant l'Islam.

lundi 12 janvier 2015

Gudule, l'anticléricalisme et le droit au blasphème...

"Les religions sont comme les vers luisants: pour briller, il leur faut de l'obscurité."

d'Arthur Schopenhauer


La religion... Un vaste sujet compliqué au vu de la susceptibilité des Croyants. Pourtant, avec les événements de ces jours derniers, je pense qu'il est bon de remettre un peu les choses dans leur contexte pour que le peu de gens qui me lisent se souviennent de deux ou trois détails de l'Histoire (qui, pour leur décharge, sont joyeusement oblitérés des manuels de cours parce que l'on préfère le politiquement correct que simplement expliquer correctement l'histoire d'un pays à sa population... ce n'est pas le débat ici...).

En France, nous avons une longue histoire avec la caricature des religions, l'anticléricalisme et le blasphème (même si c'est plus récent pour ce dernier).
Je parlerai essentiellement de la France puisque c'est surtout son histoire que j'ai étudié à haut niveau.


Donc, commençons par une explication de ce qu'est l'anticléricalisme. Le pays ayant une grosse affinité avec la religion Catholique, il est on ne peut plus évident que l'anticléricalisme a d'abord uniquement concerné l'Eglise Romaine. On entend par anticléricalisme ce qui s'oppose (logiquement) au cléricalisme. C'est-à-dire, le moment où le fait religieux dépasse la frontière des affaires temporelles.
Outre le fait d'être profondément anti-religion, l'anticléricalisme est donc pour l'établissement d'une frontière ferme entre les affaires spirituelles et les affaires temporelles.
Il est on ne peut plus clair que cette notion est l'une des bases de la loi de 1905 séparant l'Eglise et l'Etat puisqu'elle insiste pour, justement, cette séparation. Plus largement, toutes les religions sont concernées par ce fait. Chose que l'on oublie trop souvent.

L'Action Cléricale sur notre malheureuse planète - 1908 - La Calotte. Par Asmodée

En lui-même, l'anticléricalisme est un terme assez récent. Jusqu'au XIXème siècle, l'on devrait parler de "catholicophobie" (terme barbare s'il en est).

En France, cette "catholicophobie" prend racine bien avant la Révolution de 1789. En effet, elle semble, à l'évidence, remonter avec les débuts du protestantisme durant lesquels l'Eglise Catholique a été vivement critiquée. Mais c'est avec les Lumières qu'elle prend réellement son essor.

La philosophie des Lumières (en résumé) est d'abord une insurrection contre l'autorité de ce qui a gouverné le pays pendant des siècles: Dieu, la Religion, les Despotes... Si certains philosophes sont déistes (à l'instar de Voltaire), d'autres sont franchement athés (comme Diderot). Toujours est-il que tous se mettent d'accord pour critiquer l'Eglise et ses représentants.
On retrouve notamment des germes de l'anticléricalisme de la Révolution dans, notamment, les articles du Baron Paul Henri d'Holbach (ou du moins, qui lui sont attribués... 376 selon la dernière estimation), ami de Rousseau, Adam Smith...


La Révolution Française marque le point d'orgue de la "catholicophobie" ambiante au XVIIIème siècle. Pour rappel, le 4 Août 1789 c'est l'abolition des privilèges avec, dans la foulée le 26 août, la signature de la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen (qui marque les bases, tout de même, de notre société actuelle...).
La DDHC a cela d'unique que c'est l'un des seuls textes de l'époque qui aboli la notion de religion d'Etat. L'Eglise n'a qu'à aller se rhabiller: toutes les religions sont permises (officiellement).
Dans un domaine moins joyeux, au cours de la Révolution, Stanislas-Marie Maillard orchestre le massacre de près de 200 religieux (Massacres de Septembre à la prison de l'Abbaye et à la prison des Carmes).

Camus, Talleyrand, Rabaut-Saint-Etienne, la Religion. - 1791
La religion est vendue comme un esclave par Talleyrand (ancien archevêque d'Autun) et par le pasteur Rabaud Saint Etienne à Camus.
Caricature contre révolutionnaire.


Il est on ne peut plus clair que la christianophobie de la Révolution Française est héritée du comportement plus que léger du clergé durant des siècles.

L'anticléricalisme s'annonce à travers les décisions prises post-Révolution: constitution du clergé civil (1790), les prêtres réfractaires à la Révolution sont considérés comme ennemis publics en 1792, glissement de l'Etat Civil des églises aux mairies (1792)...
D'une manière générale, la Terreur a instauré une floppée de mesures anti-religieuses:
  • suppression des congrégations
  • déchristianisation encouragée par des représentants (et qui se développe dans la capitale durant la Commune)
  • églises désaffectées ou transformées en Temple de la Raison
  • confusion entre les prêtres réfractaires et les prêtres constitutionnels 
  • interdiction du culte catholique
  • ...


Quelques années après, il aurait été logique de croire qu'une fois le climat apaisé, la religion aurait prit une place plus... "neutre" si l'on peut dire. Et bien non.

En 1801, est signé le Concordat qui, jusqu'en 1905, organise les rapports entre l'Etat et les religions.Nous devons ce dispositif à Napoléon (durant le Consulat) qui a eut du mal à le mettre en place. Il est le résultat de négociations entre Napoléon et le pape Pie VII. Globalement, cela apaise les tensions entre la République et l'Eglise. Néanmoins, les mesures ne sont pas souvent favorables au clergé:
  • clergé est encore fonctionnaire
  • le conseil d'Etat peut intervenir dans les affaires civiles de l'Eglise
  • le catholicisme n'est plus une religion d'Etat
  • rien n'est prévu pour les congrégations religieuses

Les choses se gâchent rapidement. Sous la monarchie de Juillet, après les abus de la Restauration, l'anticléricalisme reprend du poil de la bête. Durant la révolution de 1830, l’archevêché de Paris est mis à sac, les croix et les congrégations sont malmenées en province... Des pamphlets circulent, des pièces de théâtre sont violemment anticléricales...

DELACROIX - 1822 - caricature d'un ecclésiastique tenant une croix

Après les émeutes de Février 1831, après que de nombreux lieux appartenant à l'Eglise aient été dévastés, l'Etat sévit encore contre les prêtres qui sont jugés responsables d'exciter les passions populaires.

Suite à la présidence de MacMahon  (le parti du « sabre et du goupillon »), Gambetta, en 1877, lance son fameux: « Le cléricalisme, voilà l'ennemi ! » dans un discours à la Chambre. C'est ainsi qu'est signé l’hallali. De fait, les manifestations de l'anticléricalisme étatique se multiplient: 
  • Loi dite d'abonnement de 1895 (complétée par la loi de 1901 sur les Associations) visant à ruiner les congrégations religieuses
  • Séparation de l'Eglise et de l'Etat en 1905 qui provoqua la Querelle des Inventaires ainsi que la fin du Concordat
  • Expulsions de religieux
  • Interdiction d'enseigner
  • Affaires des fiches
  • ...
Caricature d'Edmond Lavrate (1829-1888)



Les journaux eux-mêmes s'en donnent à coeur joie. Parmi ceux que l'on peut citer, il y a La Calotte ainsi que Les Corbeaux. Tous deux sont les symboles du fait que la caricature et le rire sont utilisés comme arme de propagande pour réduire l'influence de l'Eglise Catholique sur les esprits. Les affiches, les "flyers", les annonces, les journaux... C'est tout un arsenal voué à décrédibiliser la religion qui est mit en branle.




C'est donc dans cette ambiance que s'annonce la Première Guerre Mondiale. Au lendemain du début de cette guerre, l'Etat Major, par télégramme, fait part de sa décision d'accepter de nouveau les congrégations au sein de l'armée. De fait, les mises à l'écart de la religion catholique sont abrogées.

Il était néanmoins trop tard. En effet, la déchristianisation (et donc le rejet latent de n'importe quelle religion) était un processus bien trop engagée pour que l'on puisse revenir en arrière.




Bien sûr, je n'ai pas évoqué toute l'histoire du lien compliqué entre la religion et l'Etat depuis la Révolution Française. Ce serait trop long. Je n'ai brossé que les grandes lignes afin de remettre en lumière les racines profondes de la tendance française à se jouer des religions, quelles qu'elles soient.
Bien évidemment, c'est un sujet plus compliqué que cela.

Concernant le blasphème, cette notion a été rayée du droit français avec la DDHC (article 10 et 11), puis réhabilitée sous la Restauration avant d'être définitivement abrogée en 1881 par la Loi du 29 Juillet sur la Liberté de la Presse avec néanmoins quelques limites: la « provocation aux crimes et délits » reste sanctionnée (art. 23), de même que l'apologie de crimes contre l'Humanité ou l'incitation à la haine ou à la violence en raison de la religion (art. 24), ou la diffamation contre un groupe religieux (art. 32).
A noter que le blasphème est encore passible de prison en Alsace-Moselle.

Je vous enjoins à lire l'article du site Contrepoints à propos du droit au blasphème. Le blasphème y est érigé comme l'un des symboles ultimes de la laïcité. Je rejoins l'auteur de l'article au sujet du fait que la notion de blasphème ne devrait en aucun cas venir sur le plan juridique. Ce n'est qu'une notion religieuse qui n'a rien à faire dans un pays laïc.



Ils en parlent:


Gudule et le bal des hypocrites...


« L'hypocrisie fait les amis, la franchise engendre la haine. »

de Bernard Werber


Hier, dimanche 11 Janvier, a eut lieu la Marche Républicaine, cette manifestation organisée en "hommage" (tout relatifs) aux 17 victimes des attentats de la semaine dernière. 

A Paris, place de la République.
Donc, 4 millions de personnes sont descendues dans les rues pour faire le pied de grue en clamant "Je suis Charlie". 4 millions sur les 67 millions (à peu près) d'habitant que compte notre charmant pays qu'est France (la dernière estimation date d'il y a quelques semaines) ça fait juste environ 6% de la population française qui est sortie dans les rues.

Je ne trouve vraiment pas ça énorme.

D'accord, il est indéniable que cette manifestation fait partie des plus grosses dans l'Histoire de France depuis la Libération.

Comme vous l'aurez probablement deviné: je NE suis PAS allée faire cette marche.
Enfin on devrait plutôt la qualifier de sitting... parce que bon, pas bouger pendant des heures... 


J'ai plusieurs raisons à cela:
  • Déjà, je suis asthmatique sévère. Me retrouver bousculée, au milieu d'une populasse portant la grippe et la gastro en étendard, c'est pas mon trip.... A moins de finir à l'hosto et là, vu la population, c'était plutôt direction le cimetière. 
  • L'hypocrisie des politiques. Je ne leur nie pas une affliction sincère quant à ce qu'il s'est passé mais on ne m'enlèvera jamais à l'esprit que cette Marche Républicaine était surtout une Marche pour la victoire de 2017. D'ores et déjà les médias clament que c'est une opération tout bénefs pour notre président... 
  • L'hypocrisie des gens.Oui, tout le monde a été touché par ce qu'il s'est passé. Je ne nie pas que pour certains, se retrouver avec d'autres leur ont fait du bien, leur ont redonné espoir en une vie meilleure et cie. Ici non plus, on ne m'enlèvera pas de l'idée que beaucoup y étaient pour dire à leurs petits enfants: "j'y étais, j'ai vécu ça!". C'était l’événement à ne pas rater, le truc à la mode auquel il fallait aller pour briller sur les réseaux sociaux.

Au-delà de cela, je ne suis vraiment pas, mais alors pas du tout, convaincue par le message de cette marche.

  • Pour la liberté d'expression. Comme je l'ai mentionné dans mon article à ce sujet, il est clair que dans la société d'aujourd'hui, ce n'est qu'une vaste fumisterie. Pour beaucoup, la liberté d'expression n'est qu'un concept vague qui doit s'arrêter quand ils le décident. La liberté d'expression doit être limitée. Elle l'est déjà par la loi (normal) mais devrait l'être aussi par les sensibilités religieuses et "raciales" (on note l'utilisation de guillemets) ainsi que par la notion propre à chacun du respect qu'il lui est du (et qui est souvent indexé sur son arrogance/orgueil)... Autant dire qu'aujourd'hui, la liberté d'expression c'est juste une manière politiquement correcte de dire qu'il faut être politiquement correct en permanence.
  • Pour envoyer un message aux terroristes... Comme s'ils s'en souciaient. A mon sens, c'est même leur prêter trop d'attention et leur donner une importance qu'ils ne méritent pas. Imaginez: vous faites un massacre et 4 millions de personnes + une 40aine de chefs d'Etat et je ne sais combien d'élus se déplacent pour vous faire passer un message... Lequel? Vous dire qu'ils n'ont pas peur? Ou vous montrer que vous avez acquit une certaine célébrité...? Il y a quelqu'un qui a dit: "Le silence est l'expression la plus parfaite du mépris" (ce "quelqu'un" est George Bernard Shaw). Cela reste quand même le serpent qui se mord la queue et je crois qu'il faut faire preuve de mesure. Et là... on en est très loin.
  • Pour montrer l'unité de la France... Quelle blague. Unie? La France? Ce n'est qu'une vaste fumisterie. Il n'y a que 4 millions de gens qui se sont déplacés. 6% de la population française. C'est une goutte d'eau dans un océan d'absence. La France a déployé ses plus beaux atours pour faire croire qu'elle était unies: photos choc avec les drapeaux adéquats, poignées de mains, hymne national chanté... Pourtant, on a marginalisé un parti politique et républicain (n'en déplaise au monde... Le FN n'a jamais été un parti royaliste...)... Pourtant, on est dans un pays où on refuse même aux Roms d'être enterrés décemment... Et ouais. L'unité, c'était juste pour les photos. Les conflits plus ou moins larvés sont aussitôt repartis... J'en veux pour preuve le HollandBashing qui est reparti de plus belle pour un simple guano.
  • Pour montrer sa solidarité envers les victimes et leur famille. A mon sens, c'est la seule partie du message qui est à peu près valable. Sauf que la solidarité semble s'arrêter à sortir de chez soi un dimanche, se geler en place publique, beugler, chopper la mort et rentrer chez soi pour faire comme si rien ne s'était passer. Aller, j'suis gentille, on va aller aussi aux obsèques, histoire de s'acheter une conscience un peu plus brillante. 
  • Pour la glorification du triptyque "Liberté, Egalité, Fraternité". Autant dire "Amour, Gloire et Beauté". Liberté n'est qu'un mot que l'on érige en idéal et que l'on bafoue tous les jours. Pire, il y a fort à parier que nos politiques vont nous faire un Patriot Act à la Française (en plus de tout un panel de lois contre le terrorisme mais qui va aider à nous parquer...) et là, au temps pour notre si chère Liberté. Egalité... Bah voyons. Nous sommes égaux? Où ça? Derrière les oreilles probablement. Et encore, y'en a qui ont des poils ou des neurones. Fraternité.. le temps de quelques heures, on a fait ami ami avec le cochon du coin ou le Musulman du coin parce que c'était in. Demain, c'est reparti pour les amalgames, l'indifférence et tout le reste. Nous sommes frères et soeur ouais... Tant que c'est loin de nous.
  • Pour les applaudissements envers les Forces de l'Ordre. A mon sens, l'on atteint le summum de l'hypocrisie. Il y a quelques semaines, on diabolisait les forces de l'Ordre pour la mort d'un militant à Sivens. Hier, on les applaudissait pour leur savoir faire. Il y a quelques semaines, on demandait à ce qu'ils soient désarmés, on les traînait dans la boue, on les injuriait et on hurlait aux violences policières. Hier, on louait leur courage contre les méchants pas beaux qui ont défendu la population au péril de leur vie. Si vous ne voyez pas le souci, je ne vais pas le faire pour vous.

Je ne veux pas nier l'émotion qui a secoué notre pays (et le reste du monde, dans une certaine mesure). Moi même j'ai été sous le choc. Mais de là à mettre des œillères et à jouer au mouton... il y a un pas que je refuse d'accomplir. Parce que je sais que les politiques vont se hâter de faire passer des lois parce que tant que la population est sous le coup de l'émotion, elles passeront comme dans du beurre.

Au-delà de cela, cette "union nationale" sacro-sainte et portée aux nues, notamment grâce à cette pseudo-marche républicaine, n'est qu'un mythe. Je ne citerai en exemple que trois cas: les usagers de twitter qui ont glorifié les attentats, les gamins qui ont refusé de faire la minute de silence parce que, je cite, "Charlie Hebdo et les Juifs le méritaient" et enfin, l'éternelle distinction qui est faite entre les Français d'un côté et les Juifs de France (je ne suis pas antisémite mais j'avoue que cela me rend particulièrement dingue).


Alors oui, j'ai préféré rester chez moi à faire des cosmétiques home-made. Je suis peut être désormais trop cynique pour tolérer de perdre mon temps ainsi. Je préfère cent fois rendre hommage aux morts en privé. Je n'éprouve pas le besoin de pleurer ou de me joindre à d'autres pour que tout le monde sache ma peine.
Je ne crois plus en un monde tout beau tout rose. Je ne crois pas non plus que le fait d'aller faire le plancton au beau milieu d'une marée humaine fera changer le monde. Non. En revanche, je crois que pousser les gens à la réflexion, ne pas avoir peur de voir les choses telles qu'elles sont... ça, ça peut changer le monde. Encore faut-il qu'on l'accepte. Et ça... c'est franchement pas gagné.



vendredi 9 janvier 2015

Gudule... et la liberté d'expression


« Lorsqu'on mutile la liberté de l'homme, cette liberté que Dieu a créée et qui se rapporte à lui, on mutile précisément ce par quoi Dieu, indirectement, s'annonce. »
de Karl Jaspers



Ces derniers jours, la liberté d'Expression est revenue sur le devant de la scène qu'elle n'aurait jamais dû quitter. Elle est souvent une liberté revendiquée pour dire tout et n'importe quoi et surtout, en faire n'importe quoi. Généralement, on revendique sa liberté d'expression mais l'on renie celle des autres... Je ne compte pas le nombre de fois où l'on m'a privé de ce droit tout en se l'accaparant comme des gosses volant le jouet du voisin pour en avoir un de plus dans sa piaule.

En France (je ne vais parler que de ce pays), la liberté d'expression est une liberté ancrée dans la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen de 1789:
La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’Homme : tout Citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l’abus de cette liberté, dans les cas déterminés par la Loi. (DDHC - Article 1, XI)


On la retrouve aussi dans la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme adoptée en Décembre 1948 dont la France est rédactrice par le biais de René Cassin (membre au Comité de Rédaction):
Tout individu a droit à la liberté d'opinion et d'expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considérations de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d'expression que ce soit. (DUDH - Article 19)

Pour terminer, elle est même garantie par la Convention Européenne des Droits de l'Homme de 1950 et qui s'adresse à tous les pays membres du Conseil de l'Europe) et entrée en vigueur en 1953:
1. Toute personne a droit à la liberté d'expression. Ce droit comprend la liberté d'opinion et la liberté de recevoir ou de communiquer des informations ou des idées sans qu'il puisse y avoir ingérence d'autorités publiques et sans considération de frontière. Le présent article n'empêche pas les États de soumettre les entreprises de radiodiffusion, de cinéma ou de télévision à un régime d'autorisations.
2. L'exercice de ces libertés comportant des devoirs et des responsabilités peut être soumis à certaines formalités, conditions, restrictions ou sanctions prévues par la loi, qui constituent des mesures nécessaires, dans une société démocratique, à la sécurité nationale, à l'intégrité territoriale ou à la sûreté publique, à la défense de l'ordre et à la prévention du crime, à la protection de la santé ou de la morale, à la protection de la réputation ou des droits d'autrui, pour empêcher la divulgation d'informations confidentielles ou pour garantir l'autorité et l'impartialité du pouvoir judiciaire.  (CEDH - Article 10)

 En résumé, la liberté d'expression est, comme son nom l'indique fort judicieusement, la liberté d'exprimer ses opinions, ses pensées... sans que l'on termine au trou (que ce soit dans la tombe ou en prison).


Il y a néanmoins des limites que je qualifierai de légales (car régies par la loi française):

  • La Loi en elle-même. Celle-ci limite la liberté d'expression, notamment dans les cas suivants:
    • Protection des individus (droit à l'image, répression de la diffamation, de la discrimination raciale....)
    • Raison sécuritaire (ex: le Patriot Act aux Etats-Unis)
  • Le devoir de réserve: certains individus, comme les Fonctionnaires ou les Militaires, sont soumis au devoir de réserve qui consiste à devoir exprimer ses opinions de manière mesurée et prudente (notamment les opinions politiques) afin que ces dernières soient en conformité avec l'intérêt du service public et avec la dignité de leur fonction.
  • Le secret professionnel, le secret défense, le secret des affaires
D'autres limites sont purement morales et sociétales:
  • La politesse
  • La morale


Ces derniers temps, la liberté d'expression est utilisée par tout le monde sans la moindre notion de ce qu'elle est vraiment. Surtout sur internet. L'anonymat "garanti" sur la toile permet à tout un chacun d'exprimer tout et n'importe quoi.

Il faut savoir que cet anonymat n'est pas total. Il y a tout un arsenal dédié à la découverte de ceux qui se pensent à l'abris. L'IP, notamment, est souvent ce qui perd l'utilisateur lamba qui se pensait être superman. La demande de levée d'anonymat entre aussi dans cette considération. Il s'agit d'une procédure visant à obtenir des informations, légalement, sur une personne (IP, adresse...).


D'un point de vue totalement humain, je dirai que la liberté d'expression est un droit fondamental de nos sociétés actuelles. Il nous serait difficile de revenir en arrière (la preuve, je pourrai même pas tenir ce blog).
En revanche, le problème actuel, c'est vraiment cette mise en exergue par des gens qui sont très rapide à la retirer aux autres et qui, sous couvert de cette liberté d'expression, s'avèrent plus intolérants que ceux qu'ils critiquent.
Exprimer son avis peut être fait de bien des manières: brutalement ou diplomatiquement, écrit ou oral, dessiné ou filmé... Il y a autant de manières de le faire que de personne sur Terre.

Pour que la liberté d'expression soit réellement une liberté, il faut qu'elle soit s'appliquée dans un certain respect et une ouverture d'esprit certaine. Il ne faut jamais oublier que tout le monde ne pense pas de la même façon, que tout le monde ne comprend pas les choses de la même façon et que tout le monde ne s'exprime pas de la même façon.


Personnellement, je ne suis pas la personne la plus diplomate et la plus délicate du monde. J'en ai conscience. Je m'exprime souvent sèchement. Le sarcasme et l'ironie sont deux de mes modes d'expressions favoris parmi d'autres. En revanche, il y a une catégorie de population qui me tape rapidement sur le système: celle qui, sous couvert de la "liberté d'expression", veulent m'interdire de poser des questions (surtout celles qui fâchent), d'exprimer mon avis avec les mots que je veux...
Je n'ai jamais nié la liberté de s'exprimer de qui que ce soit. Déjà, je deviendrai à moitié dingue et ensuite, c'est jouer contre des moulins à vent. Ensuite, je tâche de garder l'esprit ouvert et de me dire qu'ils ont leur propre mode de compréhension et qu'il m'appartient de faire les efforts nécessaires pour les comprendre un tant soit peu.


Nier mon opinion, la débattre, la démonter, contre-argumenter... c'est de bonne guerre. Comme qui dirait: c'est de bonne guerre ma ptite Lucette.
En revanche, je ne partage pas l'avis de la masse sur le fait de jeter l’opprobre sur celui dont l'opinion est majoritairement rejetée (attention, je parle d'une opinion telle que "le PSG est meilleur que l'OM"). Car cela va totalement à l'encontre de l'esprit de liberté qu'est censé être le nôtre. On verse rapidement dans l'insulte gratuite et personnelle (à savoir celle qui fait le plus mal), dans le mépris pur et dur.
A mon sens, il s'agit même d'une preuve de faiblesse dans le sens où, jeter l'opprobre sur quelqu'un se fait en public, avec le soutien de la masse qui, souvent, ne le fait que par plaisir pervers sans partager l'opinion de celui qui s'érige comme étant le parangon de la bonne opinion ou, pire, en victime.

De plus en plus, nous n'avons plus à faire à un débat d'opinion mais à règlement de comptes à OkCorral où le but est d'infliger à l'autre ce qu'on l'accuse de nous faire.

A bon entendeur.




Ils parlent de la limitation de la liberté d'expression: